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L'ABC de Saül en vacances !

Vie des territoires

Durant ce mois d’août, l’ABC a posé ses valises à Saül en vous proposant deux défis, relevés avec brio !

Du 20 au 27 août 2018, 6 chercheurs et experts en mycologie étaient présents pour examiner les sentiers de Saül afin d'évaluer la diversité des champignons dans le cadre du programme sur l'ABC. Drôle de spécialité… mais quelles découvertes ! Une expérience fortement enrichissante pour tous !
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AmanitavXerocybe © Regis Courtecuisse
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Myco quoi ?

La mycologie, c’est la science des champignons. Nous avons tous à l’esprit les champignons à chapeaux avec un pied, ceux poussant en parasol sur les arbres et surtout la question « Ca se mange ? » en tête. Et pourtant…

Les champignons sont un règne à part appelé la « fonge », au même titre que la faune ou la flore. D’une diversité incroyable, ils tiennent un rôle essentiel dans le fonctionnement des écosystèmes car ils nous rendent le service de dégrader la matière organique.

Dans le cadre de l’ABC, 6 chercheurs sont venus examiner nos sentiers pour évaluer la diversité de ce règne. Bien que l’inventaire se soit déroulé en saison sèche, période a priori peu propice à leur développement, nos chercheurs ont été étonnés par la diversité des individus rencontrés allant parfois jusqu’à passer des heures dans un même tas de bois abandonné au milieu du bourg !

Des experts aux profils bien variés !

Tout d’abord, pour trouver un mycologue (qui étudie les champignons), il faut faire des « hop » en forêt, et ensuite, pour trouver des champignons… Il suffit de regarder autour de soi !

  • Régis Courtecuisse, Directeur du Laboratoire des sciences végétales et fongiques, Université de Lille. Il est considéré comme l'un des plus grands mycologues actuels, et ses travaux font autorité dans le monde entier. Il a grandement contribué à dépoussiérer la classification traditionnelle des champignons. Régis s’est spécialisé dans les Basidiomycètes (champignons à chapeau) et des champignons supérieurs d’Europe et du domaine Guyano-Caribéen.
  • Jacques Fournier, chercheur indépendant. Il étudie les Pyrénomycètes qui sont de petits champignons Ascomycètes qui décomposent le bois mort et forment à sa surface des structures plus ou moins sphériques et fermées dans lesquelles sont élaborées les spores.

  • Alain Gardiennet, chercheur indépendant. Pour sa première mission en Guyane, Alain a pour objectif d'étudier, en complément de Christian et Jacques, des Pyrénomycètes (vivant sur débris végétaux) parmi les Dothideomycetes  qui sont probablement encore sous-étudiés dans cette partie du globe.

  • Christian Lechat, chercheur indépendant. Il étudie les pyrénomycètes et spécialement les Hypocreales, des champignons de très petite taille, souvent de couleurs vives, parasites de végétaux ou d'autres champignons.

  • Mélanie Roy, maître de conférences Université Paul Sabatier (Toulouse III). Elle s'intéresse à l’écologie des rares champignons ectomycorhiziens en Guyane, leur distribution et leur association aux arbres.

  • Stéphane Welti, Professeur de Mycologie, Faculté de Pharmacie de Lille. Il étudie la phylogénie des champignons lignicoles appartenant principalement  à l'ordre des Polyporales (Polypores).

Et cet inventaire, ça donne quoi ?

Sur le sentier des Gros Arbres, 5 curieux ont ainsi pu découvrir quelques champignons communs et même comestibles, comme la pleurote rose (Pleurotus djamor) et des « oreilles » (Auricularia delicata).

Plus intéressant encore, en quelques centaines de mètres, en ce début de saison sèche, des champignons minuscules et magnifiques, des espèces rares, et même des espèces possiblement nouvelles pour la science ont pu être observées.

En étalant les récoltes de la journée et les spécimens remarquables glanés sur les sentiers de Saül dans la semaine, 51 espèces ont pu être reconnues et exposées. L’exposition a été un succès car vous avez été près de 30 personnes à venir voir à l’œil nu ou à la loupe binoculaire ces 51 espèces. Vos questions ont surtout porté sur la comestibilité, la toxicité au toucher, les spécificités guyanaises.

 

51 espèces, ce n’est qu’un avant-goût de l’incroyable diversité des champignons. En une semaine, à 6 mycologues, près de 650 spécimens ont pu être récoltés. Il faut maintenant observer les spores au microscope et séquencer l’ADN, avant de pouvoir identifier les espèces. D’expérience, cet inventaire ne sera pas complet, mais servira de base pour continuer à observer les champignons sur les sentiers.

Outre les chiffres, c’est surtout l’enthousiasme qu’il faut retenir : celui des mycologues qui s’étonnent encore devant la diversité des champignons de Guyane, celui des habitants qui redécouvrent leurs sentiers, et puis surtout celui né des échanges au cours de cette semaine toute entière à Saül, un petit paradis pour les champignons aussi !